Première hypothèse

PREMIÈRE HYPOTHÈSE,

PREMIÈRES CONVERSATIONS

DAMIEN DELILLE

 

Il est surprenant de trouver dans les injonctions liées aux expositions, des questions relatives à la « beauté des images » et aux expériences du syndrome de Stendhal. Pour Première hypothèse, Marc Bembekoff et Céline Poulin ont voulu revenir sur ces bases somme toute risquées. Déconstruire les images (exercice peu en vogue) équivaut à redistribuer les cartes : celles des disciplines bien cloisonnées, des expériences très rassurantes et des exercices de style toujours attendus.

Rappelons pour ce faire l'étrange destin du syndrome de Stendhal, vécu comme un mal du voyage et une submersion dans le poids de l'histoire et qu'on voudrait, par facilité, faire passer pour un transport contemplatif, l'art cédant au religieux. Si l'on parle moins de son revers de Jérusalem, c'est pour souligner le romantisme de l'affaire et accorder aux œuvres d'art un pouvoir transcendantal. Sauf que ce pouvoir a très mauvaise presse, matérialistes que nous sommes, ancrés dans des certitudes technologiques et des attitudes sans affects. La belle image, répondrait ce premier duo de commissaires, il faut la voir dans la profondeur du temps (le cinéma, du Paul Sharits des années 1970 à yann beauvais) et le confort des sièges à bascule (les spectateurs de cinémas de Ulla von Brandenburg et d'Hiroshi Sugimoto). Là semble poindre ce syndrome tant désiré d'une effluve artistique qu'on ne peut maîtriser. Laurence, héroïne anesthésiée de l'ouvrage des Belles images de Simone de Beauvoir, y trouvera paradoxalement son compte.

Le fond de l'histoire, il va s'en dire, se concentre sur la portée actuelle de l'image artistique, assommée par la culture du tout visuel, disséminée par les cultures du flux continu et réduite à peau de chagrin par le tout culturel. L'art, un bastion ?

 

 

Céline Poulin : C'était un peu cela la base, sans forcément parler d'art engagé, mais d'un art qui se positionne évidemment dans une société donnée. Plus qu'un lieu de réserve, je parlerais d'un lieu de possible. Tout cela est très classique, non ?

 

  

 

Physicalité

Le personnage de Laurence, dont s'inspire l'ensemble des expositions, vit en fin de compte assez mal la maîtrise des instruments visuels de pouvoir. Alors non, la position n'est pas classique, elle est simplement assimilée et mérite toujours une remise en forme.