Second scénario

Estefania Peñafiel Loaiza


 

"Faire l'expérience de l'image au-delà du visible. Interroger le regard, multiplier les perspectives, déstabiliser le point de vue. Opposer une image de à l'image de.
Convoquer l'histoire, évoquer une mémoire. Instruire le manque dans l'image, chercher l'image qui manque. Invoquer le latent, le non vu, l'absent, l'invisible. Faire appel à l'image, appeler par le biais de l'image. Suivre des traces, laisser des empreintes. Tisser des liens, explorer des relations. Véhiculer une transmission. Agencer le maintenant d'une voix lointaine. Entre-tenir ses images. Donner la parole à l'image. Explorer le contexte, s'y inscrire, le laisser travailler. Se laisser travailler. Répéter, re-signifier. Refaire les gestes, convier les mots, chercher le re- gard d'autrui. Regarder ailleurs. Regarder autrement. Regarder encore"
Ainsi Estefanía Peñafiel Loaiza décrit-elle les intentions qui président à l'élaboration de son travail. Les œuvres de cette jeune artiste d'origine équatorienne sont toutes en retenue, mêlant une esthétique de la disparition, où les traces comptent plus pour ce qu'elles suggèrent que pour l'image de la marque elle-même. Ainsi, l'oeuvre "sans titre (figurants)" est une capture d'image, de ces corps et visages qui s'affichent sans qu'on les voit dans les centaines de clichés journalistiques qui défilent sous nos yeux chaque jour. Loin de les effacer, l'artiste leur redonne une place, immortalisant leur figure à l'aide d'une gomme à effacer dont les résidus sont conservés dans des fioles qui ne sont pas sans rappeler de petites urnes de cendre.

 

crédit photographique : Aurélien Mole