Second scénario

La question centrale de la médiation trouve ses sources au cœur de recherches sur une esthétique de la réception, développée courant des années 70 par H.R. Jauss et W. Iser. Concomitante d'une sortie des avancées structuralistes et en pleine mouvance conceptuelle, cette théorie a placé au centre de la compréhension littéraire, l'importance de la lecture plurielle et fragmentée, face au texte monolithique et historique. Permettant ainsi de renouveler l'aspect toujours actuel de textes ancestraux, en donnant à comprendre l'interprétation, comme élément fondamental de la réactualisation du passé, l'esthétique de la réception a trouvé un terreau fertile, dans les pratiques artistiques de la performance. 

 

 

On serait tenté de comprendre l'esthétique de la réception médiatisée comme élément inhérent à certaines pratiques en manque d'autonomie. Cela n'enlève en rien la puissance 'déconstructrice'  de ces pratiques complexes et demande, comme l'héritage duchampien l'exige, une sortie de l'esthétique rétinienne. 

Certaines œuvres laissent cependant échapper d'autres voies possibles, face à la mise en déroute de l'accès au sens, plus particulièrement dans le travail d'Estefania Penafiel Loaiza ou de Katarina Zdjelar. On y trouve cette dimension de la disparition, qui laisse planer de nombreuses hypothèses sur le propos singulier de l'artiste, en dehors du pathos artistique. Les pratiques actuelles post-conceptuelles se livrent ainsi à une exploration intellectuelle fantastique, dans un rapport ténu avec son histoire. Cependant, le risque demeure toujours de rester concentré autour du nombril de ses récits autorisés. 

 

Photographies : Aurélien Mole