Second scénario

Ryan Gander

 

 

 

"Encore une fois, avec la pièce «Basquiat or I can't dance to it, one day but not now, one day I will but that will be it, but you won't know and that will be it ;» Ryan Gander mélange les niveaux d'information et perturbe la hiérarchie des actes créateurs d'un film. La voix-off est en fait un commentaire de type communiqué de presse de galerie sur le film lui-même. Texte rédigé par le comédien qui y figure, comédien qui est un galeriste : Niru Ratnam. La voix-off est superposée à l'image, ce qui fait qu'on ne sait pas si l'image illustre un texte (comme quand un personnage lit une lettre dans les films), ou au contraire, si le texte vocalise les pensées du personnage au moment où il fait du vélo.

Ce galeriste-comédien joue le personnage de Basquiat tel que recrée par Julian Schnabel dans le biopic hollywoodien de 1996. Ce film est lui-même une sorte d'auto-portrait de Schnabel au travers de la figure de Basquiat. Gander démultiplie ce jeu de masques et d'emprunts d'identités, ou d'identités sous-couches, infiltrées et contaminées. Le film imbrique des boucles (roues de vélo qui évoquent celles du fauteuil roulant de Gander, circuit de la promenade à vélo dans le parc, film en boucle sur le DVD) et des temporalités, car en faisant un vague remake de «Basquiat le film», il en propose aussi une lecture, la voix off critique le film et évoque des remarques de critiques de cinéma d'alors qui ont relevé cette transparence du personnage de Basquiat laissant voir Schnabel au travers. Les causes et les effets sont repliées sur eux-même et indiscernables."

Maxime Thieffine

 

crédit photographique : Aurélien Mole