Troisième type

On a ce sentiment que l'expérience de l'art n'est pas le résultat déceptif d'un discours plaqué, mais l'extraordinaire révélation d'inventions visuelles (pour ne pas dire formelles, toute idéologie à part), où le récit ne supplée pas, mais accompagne le sens de l'œuvre. En quelque sorte, une exposition faite par un artiste.  

Cela n'a-t-il d'ailleurs pas été trop difficile de produire une œuvre et d'être le commissaire invité? 

 

T.R.: J'ai longtemps hésité à produire pour cette exposition et j'ai lutté pour trouver ma place. Je pense que je ne l'ai d'ailleurs pas trouvé, d'où ma collaboration avec Florian Sumi, afin d'avoir un certain recul. J'ai souhaité invité des artistes qui me sont chers et qui m'influencent. Je craignais du coup le plagiat fanatique.

Il nous a semblé que quelque chose de l'ordre du passage et du franchissement, manquait à cette idée "troisième type". Au départ, je devais me concentrer uniquement sur la production et réalisation de la sculpture, et Florian sur la réalisation d'une bande sonore qui accompagnerait à la fois l'œuvre et l'exposition. Nous avons finalement tout fait à deux: nos références et nos manières de travailler les matériaux se sont pour ainsi dire mélangées. 

 

Pour en revenir à la position de la place du commissaire : l'exposition me semble être assez différente des deux précédentes

 

M.B.: Rétrospectivement, je me rends compte qu'il y a de nombreux liens thématiques qui les unissent, même si leurs esthétiques diffèrent. Si mon univers diverge de celui de Tony et de Grégory, il est clair maintenant que nous avons assisté tout au long de cette programmation, à un symposium, un moment de réflexion sur ces questions des belles images.

 


Et c'est justement en cela que la place du commissaire est importante : croiser des regards et des pratiques, les mettre à mal ou en tension. Sauf que les idées sont ici matérialisées par les œuvres et les pratiques artistiques, dans une dimension physique très marquée.

 

(7-6-8)

 

Il faudrait pour conclure, revenir sur le cycle même des Belles Images et interroger cette mélancolie de gauche dont parlait Rancière. Un autre type de mélancolie éloigné d'un certain pathos, se développe implicitement dans l'exposition. On la voit se dessiner dans les dernières interprétations d'un art très actuel, décrit de manière assez juste par Fabrice Hergott: