Second scénario

Aurélien Mole

 

Les multiples casquettes d'Aurélien Mole (artiste, commissaire d'exposition, critique d'art, photographe d'exposition, historien de la photographie, monteur) lui offrent la possibilité de déplacer les pratiques liées à une discipline vers une autre, par exemple la photographie de vues d'expositions vers le champ de l'art, ou encore, la critique d'art vers le montage : toutes les combinatoires sont éventuelles. Cela implique aussi le fait d'utiliser des manières de faire issues de l'art pour tenter de résoudre un cas concret du quotidien sans revendiquer aucun geste artistique.

En tant que membre co-fondateur et actif du Bureau/, collectif de curators, Aurélien Mole a un regard d'artiste, et inversement en tant qu'artiste, une perception de commissaire : la construction d'une grande partie de ses pièces mettent en perspective le travail d'autres artistes. Aurélien Mole déplace ce que l'on appelle en histoire de l'art "l'appropriationisme", qui consistait dans les 60's et 80's à reproduire les pièces d'autres artistes de manière assez fidèle dans un questionnement sur les notions de copie et d'original. Ici il ne s'agit pas de faire des copies, mais de prolonger une oeuvre de manière formelle ou sémantique.

Ainsi, par exemple «La muraille opaque grimpe en quinconce et inversement» à RLBQ, présentait Moitié-moitié, 2007. Pour cette exposition, Aurélien Mole avait créé une oeuvre mêlant les caractéristiques de la pièce Une sorte de haie verte de Johanna Fournier et de Jaune vertical de Cyril Dietrich, une façon aussi d'offrir une lecture spécifique à d'autres pièces, de découper une pièce en différentes éléments.

 

Cette oeuvre résonne avec celle produite pour La Box, « Un cabinet d'amateur». Avec ce projet, qui s'adapte à l'exposition dans laquelle il est montré, Aurélien Mole fictionnalise le cartel en proposant de fausses interprétations ou informations factuelles sur les autres pièces de "Les belles images - Second scénario". Partant d'éléments formels des pièces, ou encore des titres des oeuvres, il donne à ces formes des raisons inventées. Véritable tremplin pour l'imagination, cette pièce encourage aussi le spectateur à assumer la liberté de ses interprétations.