Second scénario

Katarina Zdelar

 

 

Katarina Zdjelar, qui représentait la Serbie lors de la Biennale de Venise de 2009, a exposé largement son travail en Europe. Son travail vidéo s'intéresse particulièrement aux sons de la voix et à l'aspect performatif du langage. Outre une recherche sur la notion de langage comme manifestation de la parole, elle vise aussi à interroger la manière dont le corps se marque en s'exprimant, et inversement. Les états de transition, de translation, de migration, le nomadisme ont focalisé aussi son attention dans cette approche physique de la langue. L'artiste se fait l'écho de ces processus de changement, d'instabilité, lié au contact culturel d'une autre langue : apprendre de nouveaux mots, codes, gestes. Quand elle invite une génération d'albanais nés après la chute du communisme à prononcer des mots en Russe, une langue qui fût maîtresse, mais aujourd'hui remplacée par d'autres, par des identités et des désirs différents aussi, c'est aussi le silence, fruit parfois du changement qui devient langage. A travers des vidéos, des installations, des ouvrages ou des plateformes d'échanges, Katarina Zdjelar explore les notions d'identité, d'autorité et de communauté se renouvelant et se réinventant elles-mêmes.

La vidéo Shoum s'intéresse à la pratique "infantile" de l'écoute d'une langue sans compréhension. Un homme d'une cinquantaine d'année, de Belgrade, ne comprenant pas, ou très peu, l'anglais tente de retranscrire la chanson "Shout" de Tear for Fears. Il transcrit ce qu'il entend dans son propre vocabulaire, un mélange de mots serbe et de mots inventés. La vidéo donne à voir autant le processus d'apprentissage (comparaisons, reprises, ratures, ...) que la forme de parole et de texte qui en sont produits.

 

Crédit photographique : Aurélien Mole